Biodiversité & Territoires


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Biodiversité et jardins d’entreprises : retour sur la journée du master BIOTERRE 2015

logoLes étudiants du master 2 BIOdiversité, TERRitoire, Environnemente l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne organisaient le 27 mars 2015 à la Halle Pajol (Paris), la deuxième édition des Rencontres BIOTERRE. Ces rencontres visent à rassembler scientifiques, entreprises et gestionnaires pour réfléchir ensemble autour d’une thématique touchant à la biodiversité. La première édition (du 16 avril 2013) s’était penchée sur le partage des connaissance et d’expériences entre acteurs publics et privés travaillant sur l’innovation et la gestion de la biodiversité. Cette seconde journée a permis d’échanger sur un thème non moins intéressant : le rôle des jardins d’entreprise dans l’installation durable d’une plus grande biodiversité en ville, fournissant ainsi à l’écosystème urbain grands nombres de services (approvisionnement, régulation, services culturels) dont il est dépendant.

Les villes d’aujourd’hui, des systèmes ouverts

Le fonctionnement de nos villes est assuré principalement par des systèmes non urbains (approvisionnement en matières premières, énergie, alimentation, régulation de la qualité de l’air et de l’eau etc.). La dépendance des citadins vis-à-vis de ces écosystèmes est donc majeure. Elle rend également les villes vulnérables vis-à-vis du changement climatique et de ses aléas et fragilise la biosphère. L’érosion de la biodiversité dont nous dépendons n’étant plus remise en cause et l’urbanisation croissante à travers le monde, il apparait indispensable que la ville face le choix d’un modèle résilient. Cette résilience doit s’appuyer sur la biodiversité et les services écosystémiques qu’elle nous rend. C’est ce que les chercheurs ont pu mettre en évidence. Favoriser la biodiversité urbaine, c’est donc oeuvrer pour une ville durable.

Du chemin à parcourir … mais du potentiel !

Or, un travail important reste à faire. En effet, nos villes d’aujourd’hui sont inhospitalières pour la biodiversité : la pression foncière rend difficile l’extension des infrastructures vertes existantes, l’isolement de ces infrastructures menace la pérennité des espèces observées tout comme la pollution, les gestions intensives, l’imperméabilisation des surfaces ou encore l’utilisation d’espèces horticoles. Avec environ 8% de la surface des espaces verts urbains d’Ile de France, les entreprises peuvent jouer un rôle significatif sur la végétalisation des villes de demain.

Cette journée a révélé l’intérêt grandissant pour cette question à travers (i) des initiatives mis en application par divers entreprises (Kinnarps, Veolia, L’oreal, Topager, ARP-astance, Eiffage), (ii) des travaux de recherche en écologie et sciences de la conservation (Muséum national d’histoire naturelle), (iii) des activités de conseil pour la végétalisation urbaine portée par ARP-ASTRANCE et la start-up Feuille de Ville, et enfin (iv) des initiatives publiques territoriales (SAN Marnes-la-Vallée). Le mouvement est lancé, courage suivons !


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L’adoption de pratiques agricoles favorables à la biodiversité ? Pourquoi ça passe … ou pas. Revue d’experts (volet 3)

Les deux premiers articles de notre revue d’experts nous ont permis de comprendre la nature des effets de l’agriculture sur la biodiversité et de montrer que la biodiversité peut avoir des effets bénéfiques sur des services écologiques utilisés par les exploitants agricoles dans le cadre de leur activité. Deux questions de taille demeurent : quelles pratiques agricoles sont à développer pour valoriser la biodiversité des agroécosystèmes ? Comment les mettre en oeuvre sur le terrain ? Deux questions complexes car pour y répondre, il s’agit de se replacer dans les réalités des exploitations agricoles et des agriculteurs et de comprendre les facteurs qui déterminent l’adoption ou non de mesures pour la protection de l’environnement.

Les Facteurs techniques

Ils portent sur les pratiques d’organisation et de gestion de l’exploitation. L’adoption de pratiques en faveur de la biodiversité peut porter sur la conduite des champs et des troupeaux et les modes de gestion des espaces interstitiels (bords de champs, ruisseaux, fossés, haies …).

  • COMMENT AGIR ?
    • par la désintensification : elle consiste en (i) une diminution de la quantité d’intrants utilisés, (ii) une diminution de capital fixe par hectare (= bâtiments, matériel), (iii) une valorisation des services des écosystèmes, savoirs et connaissances scientifiques et traditionnels.
    • par la diversification des productions : elle est permet l’acquisition de techniques supplémentaires plus diversifiées mais nécessite une réorganisation du travail. L’agriculteur ne se focalise plus sur les cultures et espèces très productives qui permettent de faire les plus fortes marges.
    • par la gestion des éléments « non productifs » (= qui ne servent pas directement à la production agricole). Elle consiste en (i) une réorganisation du parcellaire  (taille, forme, regroupement) qui doit rester compatible avec la mécanisation des opérations culturales et la taille du matériel utilisé ; (ii) une redistribution des activités au sein des parcelles, organisée selon le degré d’intervention humaine nécessaire (des pâtures proches des bâtiments mais des cultures nécessitant peu d’intervention plus éloignées).
  • ET POURQUOI NON ALORS ?
    • à l’échelle de la parcelle agricole, les agriculteurs doivent maitriser de nouvelles techniques favorables à la biodiversité, de nouveaux savoirs et faire coïncider ces changements techniques avec les objectifs et les spécificités des exploitations. Les difficultés auxquelles font face les agriculteurs sont donc une nouvelle organisation du travail (plus de temps à allouer aux nouvelles pratiques agricoles), la nécessité d’investir dans un nouvel équipement, la structuration spatiale de l’exploitation à repenser (taille des parcelles, installation de haies etc.) ;
    • à l’échelle de l’exploitation, l’organisation territoriale des activités agricoles s’en trouve changée ce qui nécessite de planifier une nouvelle organisation technique (localisation des troupeaux et des clôtures, répartitions des systèmes de cultures, des haies, des points d’eau etc.).

 

Les Facteurs économiques et la rentabilité des solutions alternatives

Les auteurs de l’expertise ont fait le constat qu’il existe aujourd’hui peu d’études faisant part de la mise en place de nouveaux systèmes de productions, conciliant préservation de la biodiversité et efficience économique des exploitations (hors production AOC et conversion en bio). Ce constat est lié à l’adoption encore trop ponctuelle des pratiques agricoles écologiques par les exploitants. En effet, les pressions actuellement exercées par les filières de l’agroalimentaires et de la Grande Distribution sur les agriculteurs les contraignent à adopter des modes de conduite intensifs de leurs cultures, pour fournir des produits en grande quantité, calibrés, sans tâches, uniformes, issues de variétés supportant le transport et à croissance rapide, ce qui maintient ceux-ci dans une logique de traitements phytosanitaires et de faible diversité des variétés cultivées.

Les Facteurs sociaux et psychologiques

Ils expliquent pour beaucoup les réticences ou l’adoption avec succès de nouvelles pratiques culturales. Les auteurs mentionnent l’importance du contexte social local (existence de filière de production du même type que celui de l’agriculteur concerné, existence d’une dynamique sociale permettant les échanges entre agriculteurs et l’accompagnement personnalisé de ceux-ci) dans l’adoption durable de nouvelles pratiques agricoles, tout comme l’organisation d’une action publique pour accompagner les agriculteurs, les aider à surmonter les contraintes importante et à mener une action cohérente à l’échelle paysagère.

Conclusion 

  • Pour être adoptés durablement par l’agriculteur, les nouveaux changements techniques doivent être intégrés dans le schéma général de fonctionnement de l’exploitation et dans la logique de production de l’agriculteur, en lien avec les contraintes, les atouts et les critères personnels de l’agriculteurs.
  • Il est impératif d’associer au changement technique une dynamique sociale (impliquant les agriculteurs, mais aussi les acteurs de la filière agroalimentaire, les consommateurs et des acteurs de l’enseignement (pour la transmission des savoirs sur la protection intégrée et les impacts environnementaux des pratiques).
  • Les différents enjeux à relever pour initier un changement sont : (i) l’évolution des connaissances des agriculteurs et des acteurs de protections de la nature respectivement sur l’écologie et sur l’activité agricole ; (ii) l’évolution des valeurs des agriculteurs, des acteurs de la protection de la nature et de la conception de leur métier respectif ; (iii) l’évolution des relations entre les acteurs, des pratiques agricoles et de leur organisation au sein des exploitations.

Source : Agriculture et biodiversité. Valoriser les synergies (éditions Quae)


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Quand la nature reprend ses droits …

Au détour d’un sentier, au coeur d’une Andalousie brûlée par le soleil des mois d’été, une oasis : des moulins à eaux (datant pour certains du XIII ème siècle), les ruines d’un aqueduc romain toujours parcouru par l’eau des terres de Santa Lucia (Andalousie) et dont profite allègrement la végétation.